La politique macrprudentielle souffre t-elle du syndrome Minority Report

Chronique de Laurence Scialom

https://www.franceculture.fr/emissions/le-pourquoi-du-comment-economie-et-social/la-politique-macro-prudentielle-souffre-t-elle-du-syndrome-minority-report

Qu’est-ce qu’une politique macro prudentielle ? Quel est donc le rapport entre elle et ce fameux polar de science-fiction de Philip Dick ?

La politique macro prudentielle qui vise à assurer la stabilité financière globale souffre structurellement d’un manque d’ambition dont on peut comprendre les ressorts par un détour par la science-fiction. Philip Dick publie en 1956 un court polar jubilatoire de science-fiction intitulé Minority report. Il sera transposé au cinéma par Stephen Spielberg. Minority report nous transporte dans un monde futur dans lequel la police est prédictive. Trois mutants, les précogs ont des pouvoirs divinatoires, ils sont capables de prédire des crimes à venir. Leurs visions sont généralement concordantes mais il peut arriver que l’un d’entre eux ne converge pas avec la divination des deux autres, d’où le titre de l’ouvrage  » Rapport minoritaire ». L’intrigue se noue quand le capitaine Anderton, cheville ouvrière de cette agence précrime qui arrête donc les meurtriers avant qu’ils ne commettent leur crime, apprend qu’il va lui-même en commettre un. Cette nouvelle pose une question vertigineuse qu’un des policiers expriment fort bien quand il dit : « Ce n’est pas l’avenir si on l’empêche de se produire ! » 

Mais quel est donc le rapport avec la politique macro prudentielle ?

La question de la légitimité à l’action se pose alors : si les crimes n’existent pas qu’elle est la motivation à l’action ? Mais quel est donc le rapport avec la politique macro prudentielle ? Les objectifs de celle-ci sont de réduire la probabilité que se produise une crise financière systémique et de limiter son intensité, si elle se produit. Contrairement à d’autres politiques économiques, la réussite de la politique macro prudentielle – à savoir l’atténuation du cycle financier et les crises financières évitées – n’est pas directement observable. A l’inverse, quand on tente de réduire le déficit commercial, le déficit budgétaire ou le chômage, il existe des métriques qui permettent d’évaluer la réussite de l’objectif, à savoir la résorption du déficit commercial, du déficit budgétaire ou la baisse du taux de chômage. (…)

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